RAPPORT NARRATIF D’UN ATELIER DE SENSIBILISATION SUR LA REDUCTION DES RISQUES LIES A L’USAGE DE DROGUES

L’Association Burundaise pour un Monde de Paix sans Drogues (ABMPD en sigle), sous l’appui du Ministère de la Santé Publique et de la Lutte Contre le SIDA via le Secrétariat Exécutif Permanent du Conseil National de la Lutte Contre le SIDA (SEP/CNLS) a animé, en date du 11 juin 2021, un atelier de sensibilisation sous le thème « nokora’iki ? » pour la réduction des risques liés à l’usage de drogues (RdR) aux victimes des inondations de GATUMBA, aux personnes vivant avec le VIH, aux enfants de la rue et aux enfants en situation de mobilité.

A l’ouverture de l’atelier, le délégué de son Excellence Monsieur le Ministre de la Santé Publique et de la Lutte Contre le SIDA, le SEP/CNLS, a indiqué, dans son mot d’ouverture que la consommation de drogues est l’un des vecteurs de transmission facile de VIH. Or, la réduction des risques repose sur certains fondements entre autres : donner aux usagers de drogues les moyens de réduire les risques auxquels ils sont exposés, faire participer les usagers de drogues à leur prévention, faire évoluer les représentations sociales sur les usagers de drogues, sensibiliser les professionnels et améliorer les lois et dispositifs en place.

C’est dans cette perspective que l’atelier a été organisé pour analyser ensemble avec la population de GATUMBA et les acteurs intervenant dans cette Zone et ses alentours de quoi faire pour réduire les risques liés à l’usage de drogues.

Image 1 : mot d’ouverture de l’atelier du SEP/CNLS

L’agenda de l’atelier portait sur différents thèmes qui ont été développés ce jour, à savoir :

  1. présentation du rapport d’activités réalisées par l’ABMPD ;
  2. présentation du thème sur les notions de vulnérabilité et ses effets aux victimes des inondations de GATUMBA, chez les enfants de la rue et aux enfants en mobilité au bord du Lac Tanganyika ;
  3. présentation du thème sur les méfaits de l’usage de drogues dans la communauté ;
  4. témoignages des Pairs Educateurs ;
  5. présentation du thème « nokora’iki ? » pour la réduction des risques liés à  l’usage de drogues.

L’atelier s’est déroulé à NEW RUSIZI BAR KUGASUBIZO à GATUMBA et a vu la participation d’un bon nombre de personnes, y compris certaines autorités de l’Administration Publique à savoir : Le Secrétaire Exécutif Permanent du Conseil National de la Lutte Contre le SIDA (SEP/CNLS) en qualité du délégué de Son Excellence Monsieur le Ministre de la Santé Publique et de la Lutte Contre le SIDA, le délégué du Gouverneur de la province de Bujumbura, le Commandant de l’unité anti-drogue à la police du Burundi, le Chef de Zone de GATUMBA, le représentant de l’Administrateur de la Commune de MUHA, qui était lui aussi parmi les invités à cet atelier et un bon nombre de personnes dans les catégories diversifiés dont notamment, certains délégués des Organisations Non Gouvernementale Locales et Internationales, les Directeurs des écoles, les Chefs de sites de déplacés de GATUMBA-MARAMVYA-SOBEL, les PVVIH, les TS, la population locale, les medias, etc.

  1. DU RAPPORT DES REALISATIONS

Concernant le rapport des réalisations de l’Association Burundaise pour un Monde de Paix sans Drogues (ABMPD en Sigle), le chargé des programmes au sein de l’Association qui a été le présentateur du rapport, a indiqué que l’association a fait pas mal d’activités en lien avec le plan d’action de l’organisation.

Il a commencé par présenter le cadre légal mettant en place cette association. Cette dernière est agréée par l’Ordonnance Ministérielle nº530/717 du 27/04/2017. Son siège social se trouve à Bujumbura, sur l’avenue de l’Amitié, Galerie Blessing Market, Bureau nº12.

Il a aussi souligné que les réalisations sont visibles sur la page Facebook de l’association : ABMPD ONG Locale, instagram : abmpd2021 ou sur le site web : www.abmpd.bi.

Pour question d’adresse électronique, son e-mail est: monde.sansdrogues2@gmail.com. Tél : (+257) 79 902 706.

Différentes interventions mettant l’accent particulier sur les groupes plus vulnérables aux risques ont eu lieu, à savoir : les personnes vivant dans des contextes particuliers comme dans les camps de regroupement (sites), les milieux à forte densité de populations (les bidonvilles), les personnes vivant avec le VIH (PVVIH), les établissements scolaires, les enfants de la rue, les enfants en mobilité au bord du Lac Tanganyika de KAJAGA dans la province de Bujumbura jusqu’à RUMONGE dans la province de RUMONGE, etc.

A travers l’unité dénommée clinique mobile pour la réhabilitation des enfants, jeunes et adultes usagers de drogues, ces personnes en situation de vulnérabilité sont sensibilisées et encadrées régulièrement en leurs offrant les services de réduction des risques entre autres : la prise en charge psychosociale, l’accompagnement protecteur des enfants de la rue, les enfants en mobilité sur les rives du Lac Tanganyika à travers les jeux récréatifs, le référencement auprès des institutions médicales pour les cas nécessitant une prise en charge médicale, la sensibilisation sur les mesures barrières de lutte contre le COVID-19.

Le présentateur du rapport a indiqué que ces activités sont réalisées grâce aux actions volontaires de l’unité de la clinique mobile ainsi que les appuis de différents partenaires. Parmi ces derniers, certains donnent des appuis technique et d’autres appuient financièrement.

Il a été cité entre autres : l’ONG Terres des Hommes qui appui parfois l’ABMPD en matériel scolaire pour les enfants, les jeux récréatifs et habits KOMBO KOMBO destinés aux enfants de la rue et aux autres personnes les plus vulnérables assistées par l’ABMPD.

Dans le cadre même du partenariat, l’ABMPD travaille en étroite collaboration avec le Ministère de la Santé Publique et de la Lutte Contre le SIDA via le SEP-CNLS et le PNLMCNT/Programme National de Lutte Contre les Maladies Chroniques non Transmissibles, le Ministère de la Solidarité Nationale, des Droits de la Personne Humaine et du Genre, le Ministère de l’Education Nationale et de la Recherche Scientifique, le Ministère de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et du Développement Communautaire et l’UNICEF dans le cadre de la protection de l’enfance.

Il a aussi souligné que dans ce même cadre, l’ABMPD a reçu une subvention de la part de l’ONG FRONTLINE AIDS dans la cadre du partenariat avec l’association. Cette subvention a permis à l’ABMPD de prendre en charge et a procédé à une désintoxication de 15 PVVIH sous ARVs et usagers de drogues, pendant une période de 3 mois.

On est aussi en partenariat avec Social Action for Development (SAD) qui appui l’ABMPD dans les activités d’assistance psychosociales des victimes des inondations de GATUMBA.

L’ABMPD collabore aussi avec l’Alliance Burundaise de Lutte Contre le SIDA (ABS) entant que partenaire d’exécution ou partenaire direct dans la réalisation des projets.

Pour renforcer le partenariat avec les partenaires, des réunions sont organisées par différents partenaires et les membres de l’ABMPD participent régulièrement à ces réunions.

On a dit aussi des réunions de restitution des activités organisées par l’UNICEF deux fois le mois au DEF du Ministère de la Solidarité Nationale, des Droits de la Personne Humaine et du Genre à l’endroit des membres des OSC dans le cadre de la protection de l’enfance, des réunions organisées par l’OIM dans le cadre de la traite des enfants. Citons aussi des réunions organisées par l’ONG UNFPA dans le cadre de la lutte contre les violences basées sur le genre.

Le constat déjà deviné est que l’action de partenariat a pour objectif ultime de favoriser la collaboration entre les acteurs en vue de résoudre les difficultés ou réduire des contraintes dans la réalisation de la mission de l’ABMPD.

Il a terminé la présentation du rapport en montrant à tous les invités présents, les membres de l’unité de la clinique mobile qui effectuent les activités objet de présentation au cours de la séance.

Image 2 : membres de la clinique mobile de l’ABMPD

Image 3 : présentation du rapport des réalisations de l’ABMPD

  • DE LA PRESENTATION DU THEME SUR LES NOTIONS DE VULNERABILITE ET SES EFFETS AUX VICTIMES DES INONDATIONS DE GATUMBA, CHEZ LES ENFANTS DE LA RUE ET AUX ENFANTS EN MOBILITE AU BORD DU LAC TANGANYIKA.

Le présentateur a expliqué brièvement les notions de vulnérabilité surtout pour les personnes en situation de difficultés comme ces déplacés suite aux inondations qui ont envahi toute la Zone de GATUMBA, aux enfants de la rue et aux enfants en mobilité et les personnes vivant avec le VIH.

Lors de la présentation, il a indiqué que la notion de vulnérabilité est perçue comme une question maitrisable à traiter à travers d’édification de la protection sociale, etc.

Du coup, la vulnérabilité pour ce groupe cible est due à la pauvreté de leur ménages d’une part et suite aux inondations qui ont été un vecteur aggravant d’autre part. Il y a aussi des personnes vulnérables du fait qu’elles sont porteuses des maladies chroniques comme le VIH/SIDA, etc.

Ainsi, pour les enfants de la rue et enfants en mobilité au bord du Lac TANGANYIKA, le présentateur a indiqué que, toute intervention en leur faveur suppose une analyse préalable des risques auxquels ils sont exposés, un renforcement de capacités à y faire face et une réduction de la potentialité du risque.

Comme le thème de l’atelier l’indiquait « nokoro iki ? » pour la réduction des risques de l’usage de drogues, on doit adapter une méthodologie nécessaire d’intervenir pour une réduction significative de la vulnérabilité de ces enfants.

L’usage de drogue est pour eux une pratique qui les permet à s’adapter à leur environnement changeant pour échapper au stress lié au traumatisme, ou à surmonter les blessures liées à la situation de précarité dont ils traversent.

Selon lui, la création des espaces amis des enfants, les espaces récréatifs, les jeux récréatif, l’accompagnement protecteur, la prise en charge psychosociale, etc. constitueraient une réponse à cette problématique pour les enfants. Il a indiqué que l’encadrement autours des GS, les sensibilisations régulières sur les méfaits de l’usage de drogues pour le PVVIH et l’admission des ARVs suivant l’horaire donnée par le médecin à ces dernières donneraient aussi une réponse efficace.

Pour terminer, il a souligné qu’à la fin de l’atelier, chacun doit pouvoir proposer une échelle d’évaluation des besoins qui doit être élaborée afin de croiser le degré d’exposition aux risques et les différents domaines dans lesquels il est nécessaire d’intervenir pour la réduction significative des risques.

L’attention particulière a caractérisé tous les participants et ont prêté une oreille attentive au présentateur de ce module.

Image 4 : présentation du thème sur les notions de vulnérabilité

  • DE LA PRESENTATION DU THEME SUR LES MEFAITS DE LA DROGUE DANS LA COMMUNAUTE.

Le présentateur dudit thème a souligné que, l’usage de drogues présente de nombreux effets. Il a indiqué que la consommation de drogues entraine une dépendance, diminution de l’appétit, perte de mémoire, dépression, le cancer chez le consommateur, etc.

De ce fait, les effets pour l’usager de drogues sont multiples notamment chez les jeunes.

Suite à cela, il a été question de se demander si réellement quelqu’un qui a les signes déjà indiqués peut être efficace pour le développement de la communauté.

Il a poursuivi la présentation en indiquant que la plupart des consommateurs le font dans l’optique de se distraire, de foutre le bordel. Or, Ils ne savent pas réellement que cette consommation entraine des dommages à court et à long terme.

Il a parlé brièvement les différentes sortes de drogues, leurs moyens d’admission et les conséquences selon leur nature, les stratégies de transport pour les vendeurs de ces produits ainsi que le coût surtout pour les plus chères.

Il a aussi distingué les drogues durs entre autre les héroïnes, cocaïne, Booster, Khat, etc. qui ne sont pas cultivées ici au Burundi et qui font l’objet de transport clandestin pour arriver au Burundi.

Image 5 : présentation du thème sur les méfaits de la drogue dans la communauté

Au cours de l’animation de ce thème, les participants ont été trop agités car la plupart des notions qui ont été développées étaient certainement non reconnues pour la plupart. Ils avaient un œil attentif pour bien assimiler la matière.

Il a été proposé qu’il y ait le plaidoyer pour la création d’un centre de désintoxication des usagers de drogues.

D. DES TEMOIGNAGES DES PAIRS EDUCATEURS 

Au cours de l’atelier, les pairs éducateurs ont présenté leurs témoignages. Ils ont indiqué que l’Association Burundaise pour un Monde de Paix sans Drogues est venue à point nommé car, leur sensibilisations incessantes ont permis à un bon nombre de consommateurs de drogues d’abandonner cette pratique.

Selon les témoignages, l’encadrement autours des groupes de solidarité (GS) a permis aux femmes et hommes vulnérables de faire de petites cotisations qui les ont permis de réaliser un projet de culture de lenga lenga, etc. Ce projet les aide beaucoup à sortir progressivement de leur vulnérabilité et souhaitent que l’Association ABMPD ainsi que d’autres acteurs intervenant aux victimes des inondations de GATUMBA de renforcer leur appuis et sensibilisations.

Les jeunes filles qui pratiquaient le commerce de sexe (TS) indiquent qu’elles ont abandonné cette activité malheureuse grâce à l’appui de l’unité de la clinique mobile de l’ABMPD qui les prodigue de temps en temps les conseils dans le sens de se méfier de l’usage de drogues. La plupart étaient des professionnelles dans la consommation de la drogue pour mieux exercer cette sale besogne.

Dans ce même ordre d’idées, ayant constaté que l’usage de drogues a des effets néfastes sur la vie humaine, ils indiquent qu’ils ont pris la première place dans la campagne de sensibilisation pour les autres usagers de drogues et les aider eux aussi à abandonner.

Ils n’ont pas oublié de demander qu’il y ait aussi l’implication de la police et l’administration pour que leur travail donne des résultats positifs car, il a été constaté que certains administratifs ne tiennent pas compte des effets de la consommation de drogues et n’y mettent pas une rigueur pour couper court avec les gens qui en font la commercialisation.

Image 6 : témoignage des pairs éducateurs

E. LA PRESENTATION DU THEME « NOKOR’IKI ? » POUR LA REDUCTION DES RISQUES LIES A  L’USAGE DE DROGUES

Le Thème a été présenté par le Secrétaire Exécutif Permanent du Conseil National de Lutte Contre le SIDA.

Ce dernier a demandé à tous les participants d’être actif et proposer une solution à donner face à cette problématique de l’usage de drogues au Burundi, en particulier aux victimes des inondations de GATUMBA, aux personnes vivant avec le VIH, aux enfants de la Rue et aux enfants en Mobilité au bord du Lac.

Il a indiqué que les usagers de drogues constituent une population particulièrement à  risques vis-à-vis des infections et tout particulièrement du VIH dont la prévalence a beaucoup augmenté surtout pour les personnes qui s’injectent des drogues. Cette épidémie est alimentée par la stigmatisation et la discrimination.

Face à cette observation, le  Dr Désiré NDUWIMANA a invité en premier lieu, les pairs éducateurs qui venaient de témoigner la façon dont ils ont abandonné l’usage de  drogues à proposer des réponses pour lutter contre l’usage de drogues (ce qu’il faut faire pour réduire les risques liés à l’usage de drogues-NOKOR’IKI ?).

Image 7 : animation du thème nokor’iki ?

Après les interventions des pairs éducateurs, il a été alors le temps des autres participants pour leurs interventions.

Différentes interventions ont eu lieu au cours de l’atelier et des recommandations ont été retenues.

Les recommandations sorties de cet atelier dans le sens de réduire les risques de l’usage de drogues sont notamment :

  • assistance psychosociale des PVVIH, usagers de drogues ;
  • Encadrement autour des groupes de solidarités des PVVIH pour leur autonomisation ;
  • faciliter l’accès aux PVVIH d’avoir les services liés au VIH, comme l’accès au traitement ARVs, préservatifs, services de réduction des risques, etc. ;
  • soutien nutritionnel à apporter aux PVVIH ;
  • respect de l’ensemble des mesures préventives chez les PVVIH afin de minimiser leur exposition au covid-19 et d’éviter toute infection ;
  • plaidoyer pour la création d’un centre de désintoxication des usagers de drogues ;
  • étendre les modules de cet atelier dans d’autres localités du Pays;
  • sensibiliser la communauté sur les méfaits de l’usage de drogues ;
  • instaurer la psychothérapie au Ministère de la Santé Publique et de la Lutte Contre le SIDA ;
  • renforcer les capacités des agents de santé communautaire ;
  • renforcer les capacités des psychothérapeutes ;
  • encadrer les enfants de la rue et ceux en mobilité au bord du Lac Tanganyika dans des espaces amis des enfants, avec des jeux récréatifs ;
  • renforcer les capacités des équipes intervenant dans la sensibilisation pour la réduction des risques de l’usage de drogues ;
  • renforcer les capacités de la police anti-drogue pour qu’elle soit très vigilante à lutter contre les trafics de drogues ;
  • renforcer le dialogue dans les ménages pour bien encadrer les enfants dans les ménages ;
  • orienter les usagers de drogues pour faciliter leur accès aux services de réduction des risques disponibles.

C’est sur ce point des recommandations qu’on a déclaré clôt les activités de l’atelier qui se sont déroulées dans un climat de sérénité.

                                                                         Fait à Bujumbura, le 22 juin 2021

                                                                             Le Rapporteur

                                                                            Vital NTAKIYIRUSHA

                                                                 Chargé des programmes au sein de l’ABMPD

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